Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/196

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funèbre, la plupart là par devoir ou par convenance, quelques-uns pour l’avantage de vanité qu’il y a à être de quoi que ce soit. Mon ancien camarade Hudolphe de Haubourg de ceux-là, certes.

On frappa. Hans me faisait dire de l’aller rejoindre dans la chambre mortuaire où il veillerait, à dix heures. L’horloge en sonna huit et je pris le parti de dîner seul dans mon appartement, appréhendant de risquer le repas commun et surtout la rencontre de Haubourg et la chance de le subir. Sa conversation, toute d’étiquettes, de prérogatives et de qualités, lassait même l’inattention. Le sentiment de sa dignité s’exagérait en manie, s’acharnait aux plus minutieuses pratiques. Il revendiquait ce qu’on lui devait au point de faire douter qu’on le lui dût. Du reste, honnête homme bien qu’infatué ; l’érudition de son rang le rendait exact à en exiger les préséances. Les cérémonies lui plaisaient ; nuptiales ou funéraires, il n’en manquait pas une, en jouissant délicieusement, y critiquant les fautes, goguenard pour celles qui lésaient autrui, pointilleux quant à celles qui l’eussent atteint. Les obsèques du vieux duc et ce qu’elles