Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/220

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que rien n’était venu vers celle pour qui l’heure inexorable était proche.

La haute tour du sommet de laquelle l’anxieuse Vigilante avait interrogé le circuit du vaste horizon de la forêt, les chemins déserts et les deux rives de la rivière, était la même que celle dont j’entrevoyais devant moi le noir débris. De l’antique château, seule, elle survivait à l’écroulement de la demeure orgueilleuse ensemble et à sa propre caducité par ce pan de mur de rude pierre qu’elle dressait dans l’ombre.

Il était emmantelé de lierre, debout sur un tertre d’herbes et de mousses qui rongeaient sa base, montaient le long de ses parois, pénétraient entre ses joints et s’épanouissaient dans ses fissures, et sa solide masse impressionnait toute la forêt environnante.

Alentour, le sol était inégal, déprimé ou exhaussé selon qu’il y avait eu là une douve ou une muraille. La destruction a des caractères divers ; parfois ce qui tombe s’efface doucement, peu à peu, s’émiette et disparaît au lieu de s’attarder en ruine récalcitrante qui résiste au temps, lui dispute sa déchéance et tasse sa chute en quelque amas brut dont la terre ne reprend pas les