Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/222

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des Dames allégoriques de Sagesses et de Vertus ? L’autre ne mourut-elle pas parce que sa robe était bleue comme l’ombre des arbres sur l’herbe, l’été, tandis que le vêtement de la plus jeune qui mourut aussi, douce et presque sans pleurer, imitait la teinte même de ces petites coquilles mauves qu’on trouve, sur le sable gris des grèves, là-bas, près de la Mer. Une autre encore fut égorgée. Un artifice ingénieux avait disposé sa parure de façon que les branches de corail qui enjolivaient d’arabesques le tissu changeant s’appariassent à ses nuances afin d’être d’un rose vif où le lé était d’un vert vivace et qu’elles s’aigrissent ou s’amortissent alors qu’il devenait prasin ou glauque.

Une enfin, la cinquième, s’enveloppait d’une pièce de mousseline ample et si légère qu’en se superposant ou en se dédoublant elle paraissait selon son épaisseur ou sa transparence de la couleur de l’aube ou du crépuscule.

Toutes mortes, les douces épouses, avec des cris, des mains suppliantes ou des surprises stupéfaites et silencieuses.

Pourtant le bizarre et barbu Seigneur les aima toutes. Toutes elles passèrent par la porte du