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LE RÉCIT
DE LA DAME DES SEPT MIROIRS
A JEAN DE TINAN

La caduque vieillesse de mon père se prolongea pendant des années. Sa nuque branlait. Ses épaules se voûtèrent. Peu à peu il pencha davantage encore. Ses jambes flageolaient. Il dépérit.

Chaque jour, pourtant, il sortait seul dans les jardins. Ses pas traînaient sur le cailloutis des esplanades, le dallage des terrasses, le gravier des allées. On le voyait, au fond des avenues, minuscule et ratatiné, avec sa calotte de drap fin et ses vastes houppelandes de soie fourrée, piquant du bout de sa haute canne une feuille tombée ou, le long des parterres, redressant, au passage, la tige de quelque fleur.

Il faisait lentement le tour des bassins. Il y en avait de carrés, avec une marge de por-