Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/270

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phyre rose : de circulaires, bordés de jaspe olive ; d’autres, ovales, ourlés de marbre bleuâtre. Le plus grand était entouré de brèche jaune, et des tanches y glissaient leur reflet d’or. Les autres gardaient des cyprins rouges, des carpes et d’étranges poissons glauques.

Un jour, mon père ne put sortir pour sa promenade accoutumée. On l’assit dans un grand fauteuil de cuir roux, et on traîna le siège devant la fenêtre ; les roulettes grincèrent sur le damier des mosaïques, et le vieillard considéra longuement la vaste perspective des jardins et des eaux. Le soleil se couchait en rougeoyant sur les dorures monumentales de novembre. Le parc semblait un édifice d’eau et d’arbres, intact et fugitif. Parfois une feuille tombait dans l’un des bassins, sur le sable d’une allée, sur le balustre d’une terrasse : une, poussée par un vent léger, crispa contre la vitre nue son aile d’oiseau décharné en même temps qu’une chauve-souris égratigna de son vol anguleux le ciel moins clair.

Au crépuscule, le malade soupira longuement. On entendait, au dehors, un pas dans une allée proche ; un cygne noir battit de ses