Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

series oscillèrent, et une ride de l’étoffe fit sourire à l’improviste les Nymphes tissées et ricaner le visage de laine des Satyres. Je respirai longuement, et j’étirai toute la lassitude de l’hiver ; ma jeunesse engourdie tressaillit, et je descendis l’escalier des terrasses pour visiter les jardins.

Ils étaient admirables en leur sève printanière, et, chaque jour, d’heure en heure, j’assistai à l’épanouissement de leur beauté. Les feuillages se massèrent au sommet des arbres ; la nageoire d’or des tanches effleura l’eau grossie des bassins ; les carpes bleuâtres tournèrent autour du bronze verdi de la figure qui, au centre, tordait dans le métal dulcifié la sveltesse de sa voluptueuse cambrure ; des mousses grasses montèrent aux jambes lisses des statues et se blottirent au secret de leur chair de marbre ; la gaine fendue des hermès s’enguirlanda ; leurs yeux caves se veloutèrent d’un regard d’ombre ; les oiseaux volèrent d’arbre en arbre, et le charme composite du printemps s’unifia en l’accord d’une estivale beauté.

Peu à peu l’azur du ciel adolescent se fonçait et pesa en suspens sur l’étendue du parc,