Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/41

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si vous vous étiez décidé jamais à ce qu’entreprit Polydore, mais le séjour de ma capitainerie et du vieux château où je représente l’autorité du Prince dont vous conseillez les fantaisies n’a rien pour tenter un intrigant comme vous. Vous êtes en posture de cour et ne risqueriez pas de perdre l’aubaine de quelque occasion en venant visiter dans son repaire un vieux doyen de ma façon. D’ailleurs vous n’êtes pas beaucoup plus jeune que moi, mais on vous dit plus ingambe car la révérence, la pirouette et le pied de grue écloppent moins que les grand’gardes, les sièges et les embuscades qui font que je suis revenu alors que vous allez toujours pimpant et guilleret, puisant votre tabac dans la boîte diamantée des cours, tandis que je tire le mien du pot de grès des corps de garde, et vous lirez avec un binocle d’écaille ce que je vous écris à l’aide de mes besicles de corne.

Quoique un peu longue, cher cousin, ma vue reste bonne et j’aime voir ce que je puis contempler chaque jour. Les objets qui m’entourent me sont familiers. Je connais mes lieutenants, et, par son nom, chacun de mes soldats. Je distingue chaque sentinelle à la façon dont elle