Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/42

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heurte la crosse de son fusil sur la vieille pierre du rempart. Ma fenêtre donne sur une charmille en quinconces où je me promène ; puis, accoudé au parapet, je vois la muraille à pic ; à droite et à gauche, de grosses tours la renflent de leur maçonnerie corpulente. Elles soutiennent la vaste terrasse fortifiée où repose le château, à la fois galant et militaire, parmi des arbres et quelques fleurs. C’est vraiment un beau lieu. De là, on domine toute la ville, avec ses maisons, ses rues creuses, ses places étalées, ses clochers anguleux puis son quai le long du fleuve qu’un pont traverse.

J’y regardais passer des fourriers revenant de corvée avec de grosses bottes de foin ; ils riaient, quelques-uns mâchonnaient la tige d’une fleur, un jour, vers quatre heures, quand on vint m’avertir d’une arrivée de barques.

Elles étaient au détour du fleuve derrière la grande île des peupliers. Je descendis au port pour les voir aborder. Elles approchaient peu à peu, naviguant entre les sables par les passes balisées. On en distinguait quatre à la suite. Toutes portaient des voiles blanches carguées ; les coques peintes de belles couleurs. On ne