Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/50

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porte basse donnait seule accès à l’intérieur. Au beau temps les invités traversaient, à pied, l’espace sablé ; sinon ils trouvaient là une chaise avec des porteurs. Personne n’enfreignait jamais cette consigne. La façade du palais sommeillait sous la clôture de ses persiennes. Les hirondelles griffaient de leur vol aigu la masse grise de l’édifice. La partie qu’habitait la Princesse se trouvait à l’opposé, sur les jardins, et n’occupait qu’un coin de l’hôtel dont le reste demeurait vide. Elle y vivait fort seule, le Prince résidant à l’étranger. On me l’avait montré une fois aux bains de Lorden où il venait guérir aux fontaines l’humeur qui lui montait au visage en âcres rougeurs. C’était un petit homme, maigre et chafouin, bizarre en tout, nerveux et d’une taille exiguë que barrait le cordon d’un ordre qu’il ne quittait jamais. Se plaisant à cette société dont il ignorait la langue et où on le recevait en considération de son haut état, il y promenait sa morgue et son mutisme avant de retourner à sa villa de Termi, d’où il ne sortait guère que pour ses cures annuelles et de rares voyages auprès de sa femme. Chaque fois, il n’y passait que quelques heures. La Princesse le recevait