Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les grands salons du palais, ouverts à cette occasion. Toujours il repartait avant la nuit. Alors les salons se refermaient ; les embrasses dénouées laissaient retomber les lourds rideaux ; les portières pendaient roides en leurs plis retrouvés ; l’éteignoir étouffait les bougies ; les nombreux domestiques apparus pour la circonstance disparaissaient aussitôt et rentraient dans les communs où ils demeuraient, quelques-uns suffisant seuls au service ordinaire. Les jets d’eau du jardin qui avaient lancé leurs fusées prismatiques se taisaient, l’un après l’autre, et, dans la cour, au lieu de l’éclat des livrées, on ne voyait plus que le vieux jardinier ramassant une feuille du bout de son râteau ou taillant les boules pomponnées des orangers nains qui s’étageaient aux marches du perron.

C’est dans cette demeure redevenue silencieuse après l’apparat de ces arrivées et le cérémonial de ces départs que la Princesse recevait, chaque semaine, le peu de personnes qui formaient son intimité. Elle vivait pourtant moins solitaire que retirée, ne manquant pas, à certaines grandes fêtes, de s’y montrer en l’élégance de sa beauté, avec le sourire et la hauteur né-