Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/57

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contrastait avec sa chevelure précocement blanche.

Le repas fut exquis en viandes, en fruits et en vins, embelli par le luxe des argenteries et la perfection des porcelaines. Deux vieux valets veillaient au service. Une corbeille où des fleurs rares entouraient un bloc de glace parfumait la pièce de sa fraîcheur, et de hauts candélabres de vermeil, un à chaque bout de la table, dressaient l’architecture de leurs bougies. Peu à peu la conversation s’engagea. Chacun des interlocuteurs y prit part avec sens et verve. La Princesse écoutait attentivement. Ses cheveux relevés droits sur le front se massaient à l’arrière de sa tête. La beauté du visage consistait dans sa forme, la courbe du nez, la ligne exquise de la bouche et surtout en des yeux admirables.

On finissait et je remarquai que l’attention des convives consultait une horloge fixée au mur. Le balancier battait avec régularité : les aiguilles en conjonction se désunirent et une heure sonna dans le silence qui se fit autour d’elle. Le dernier coup vibra longtemps.

D’Orscamps s’était levé et, en même temps que lui, toute la table. La Princesse se tenait immo-