Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VI

LE VOYAGE À L’ILE DE CORDIC

« La porte refermée bruyamment fit résonner au bout de la longue galerie l’écho qui y sommeillait entre les deux cariatides du fond. Des hanches de pierre engainaient leurs torses de marbre pâle et comme luisant d’une sueur éternelle, et la crispation de leurs bras levés soutenait le haut plafond d’or. Les mosaïques du pavage miroitaient, et je marchais à pas lents dans le vide sonore du lieu, en songeant que, certes, l’âme du Prince, comme ce dallage, était glissante et périlleuse et peinte aussi de figures bizarres et d’arabesques entrelacées.

L’altercation survenue entre son Altesse et moi me laissait en souci. Mon obstination avait heurté son caprice. Une heure durant il s’acharna à réduire ce qu’il appelait mon entêtement. Je le revoyais dans son vaste cabinet,