Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acharné peut-être enfin à vouloir contre mon gré qu’à me convertir au sien.

Le caractère du Prince m’était assez connu pour, d’ordinaire, échapper par quelque biais aux ordres de sa fantaisie ou aux pièges de son humeur, mais, cette fois, sa colère le rendait clairvoyant et rien ne le rebuta de son entreprise, rien, pas même le ridicule que je lui en montrai, poussé à bout et au risque d’un sursaut dangereux de sa vanité. Tout en vain, et je compris à un petit tremblement de sa lèvre et à un éclair mauvais de ses yeux jaunes que les traverses m’avaient ramené à la patte d’oie d’où s’ouvraient des routes qui pourraient bien être celles de la disgrâce.

Je rentrai chez moi pour réfléchir aux difficultés de ma situation et je cherchais encore les moyens de me tirer de ce pas fâcheux quand, le lendemain matin, on m’apporta un message. Son Altesse m’y enjoignait de partir sur le champ pour l’île de Cordic, de laisser mon équipage à la côte et de débarquer seul pour me rendre à un lieu indiqué où je trouverais ses instructions.

Ma perplexité, après réflexion, se décida à