Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/99

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rappelai cette fontaine. M. d’Amercœur vantait la fraîcheur de son eau. La rue de droite devait mener à l’enclos des Pères noirs. Je la suivis. Sa tortuosité s’insinuait au cœur même de la ville.

Quelques pauvres boutiques ouvraient leurs éventaires. Des chapelets y pendaient auprès de fouets tressés. La rue s’élargit tout à coup. La haute façade d’un vieil hôtel la bordait. J’en avais déjà vu de pareils çà et là, mais celui-ci se faisait remarquer par la particularité de son aspect. Il s’élevait sur un soubassement de maçonnerie fruste. Les fenêtres, loin du sol, grillées. On avait dû utiliser les fondations d’une demeure primitive sur lesquelles l’édifice actuel, surajouté, dressait son architecture sévère. Au coin de l’hôtel, la rue tournait brusquement et descendait en pente courbe, taillée en marches. La descente contournait l’arrière de l’édifice et on découvrait ses assises qui étaient celles d’un ancien château fort dont la croupe de pierre lisse s’étayait en bas sur le roc vif.

Je reconnus l’hôtel d’Heurteleure.

La rue cessait ; des arbres apparurent. Une