Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/68

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De vous tailler :
À chaque bout de la tige, il coupait juste
Au bon endroit
Ce qu’il fallait pour qu’elle devînt,
Syrinx ou flûte ;
Il y perçait des trous pour y poser les doigts
Et un autre plus grand
Par où l’on souffle
Avec la bouche
L’humble haleine qui, tout à coup, au bois divin
Chante mystérieuse, inattendue et pure,
S’enfle, rit, se lamente ou s’irrite ou murmure.
Marsyas était habile et patient.
Il travaillait parfois à l’aube ou sous la lune
En caressant
Sa barbe brune
À poils d’argent.

Il savait mille choses sur les façons
De tailler les roseaux courts ou longs
Et sur les sons
Et comment il fallait unir les lèvres et faire
Jaillir la note aiguë et claire
Ou grave, ou douce, ou brève, ou basse,