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ARÉTHUSE

Elles ont des cheveux d’algues et des lèvres
Peintes selon la pourpre des coraux
Une parfois rit et élève
Ses seins de femme au-dessus de l’eau,
Et tend les bras…
Ou dit qu’elles n’existent pas
Ou que leurs torses vils se terminent en queues
D’écailles que le flot fait bleues,
Tandis que leur chevelure semble de l’or,
Au soleil ; on prétend encor
Qu’elle sont méchantes, et que
Leur mystérieux rire endort
En les grottes roses et noires
Avec elles, joue contre joue,
À jamais…
Qu’il est mieux de ne pas y croire
Et de les fuir les yeux fermés,
Et qu’il faut clouer à la proue
Leurs figures d’émail et d’or,
En simulacres à la proue !


Mais moi, je sais des choses en mon âme
Car avant d’échanger le fléau pour les rames
J’ai manié la serpe et conduit la charrue,
Mangé la grappe et bu le vin