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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS

Qui fait l’esprit lucide et le songe devin ;
J’ai dormi sur la terre auprès des faulx nues,
Et j’ai levé la hache contre les arbres
Où vivaient les Dryades,
Et leur sang a saigné en gouttes sur mes mains ;
J’ai vu les Faunes, voleurs d’abeilles, et rire
Dans les eaux la Nymphe aux Satyres
Qui dansaient, sveltes, une rose entre les cornes,
Et fuir les Griffons devant la Licorne,
Et sur le sable, avec leur croupe rousse et noire,
Les Centaures passer au galop, un à un !
Ô mémoire
De mes songes je sais par toi ce qu’il faut croire,
Et toutes les mystérieuses faces
Qui nous regardent à travers les choses
Et qui nous parlent à voix basse
Et qui nous parlent à voix haute,
De l’aube au soir,
Du soir à l’aube.

Le ciel plus clair
Se meurt, une à une, d’étoiles,
Le vent a soufflé dans les voiles.
Le vent a passé sur la Mer,

Il y a des Sirènes sur la Mer