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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS
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On est dans la clairière d’une forêt. Une source d’eau profonde miroite parmi des fleurs. Alentour, de hauts arbres. L’heure est venteuse et chaude ; il a plu ; des gouttes d’eau tombent encore des feuilles.
Assises sur la mousse, des Tisseuses tiennent sur leurs genoux des étoffes déployées. Elles sont trois qui parlent tour à tour, la plus vieille debout, d’autres travaillent en silence dont deux encore répondent.
L’UNE
Le Destin a tissé nos jours et nos années,
Mes sœurs, et nous voici assises avec elles,
Côte à côte, et chaque an ourdit nos destinées.
L’AUTRE
Le vent parmi les arbres hauts semble leurs ailes,
Car le temps s’est enfui devant nous, et les heures
Ont volé, tour à tour, hiboux et tourterelles !
Ô ma Vie, il me semble encore que tu pleures ;
Chaque goutte de pluie est une de mes larmes,
Ô ma Vie, il me semble encore que tu meures !
Car j’entends ton sanglot dans le vent où s’alarme
Le passé qui dormait là-bas avec mon Ombre,
D’avoir bu à l’oubli le philtre qui les charme
Et les enlace au fond de ma mémoire sombre,
Groupe funeste, hélas ! qui s’éveille et s’étire
Et qui heurte son front aux fentes du décombre ;