Et les voici tous deux qui viennent et qu’attire
Avec elle ma Vie et qui viennent ensemble
S’accouder près de moi, l’un et l’autre, et sourire
Au métier où je tisse en fleurs qui leur ressemblent
Quelque destin, hélas ! d’erreur et de mensonge
Dont les fils font trembler ma main qui les assemble.
Laborieuse, dans les trames alourdies,
J’entrelace et je noue avec des lacets d’or
Le fil souple et tordu des longues perfidies.
Astucieuse, dans l’étoffe nue encor,
J’enchevêtre en dessins patients et j’effile
La variante soie où le mensonge dort.
La moire est trouble et grasse comme une eau tranquille
Et qui frissonnerait intérieurement
D’une araignée et de sa toile qu’elle y file.
La soie est douce comme la peau, elle ment ;
Il s’y façonne des visages de chimère ;
La soie est vaine comme l’âme, l’âme ment.