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ARÉTHUSE

Toi qui marchas longtemps sur la grève et la mousse
Avec tes deux pieds nus par des routes trop douces,
Qu’entre les durs cyprès l’écho de tes sandales
Résonne chastement sur le marbre des dalles
Et s’éloigne vers l’ombre et ne s’entende plus ;

Les Tisseuses l’ont coiffée et vêtue. Il la prend par la main, se retournant.

Adieu comme à toi Mer, Forêt !


ELLE
Le suivant.
Il l’a voulu !


Le vent a cessé, le soleil a disparu ; de grosses gouttes de pluie tombent. Les Tisseuses restent seules.


L’UNE DES TISSEUSES


Voici que pleure parmi l’ombre la forêt.
Ô sœurs, le vent s’est tu et la pluie, une à une,
Fond en larmes comme quelqu’un qui pleurerait.

Les grands iris au bord de l’eau tendent leurs urnes ;
La fontaine est de marbre et la source de pierre,
Et les ronces crispent d’épines leur rancune.

Le vent a défleuri la rose, la première,
Et demain tomberont les feuilles déjà mortes ;
La pluie et la forêt pleurent la Nymphe claire.