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ARÉTHUSE

Glauque et sinueuse et bleue
Figure à ma nudité ambiguë une queue
Fabuleuse !


Tu m’as voulue ainsi fardée et fabuleuse
Moi la simple, moi la rieuse.
Fille de la mer glauque et du soleil joyeux,
Tu m’as voulue
Ainsi, moi dont le sort est d’être nue
Comme la mer et comme les roses,
Et c’est à cause
De tout cela que tu es mort, ô pauvre frère,
Aux yeux de songe et de science, ô funéraire
Et doux amant, hélas ! qui ne m’as pas connue
Parce que je riais et que tu me vis nue.


Ah ! mon frère, mon triste frère, ô pauvre mort,
Dors donc, dors !
Les fleuves coulent vers la mer
Calmes et graves à travers
Les plaines grasses et les forêts ;
Il y a des iris auprès
Des fontaines, et des roses, et des oiseaux.
Et des abeilles !