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les médailles d’argile


Un dur silence noir et vert
Emplit ce jardin sans fontaine
D’une sobre beauté d’hiver,
Inflexible, grave et certaine.

Pas de bassin qui mire en l’eau
Un peu de ciel et où l’on suive
Le vol inverse d’un oiseau
Par son ombre ailée et furtive.

Et pas d’abeilles en été
Dans ce jardin mélancolique
Qui vienne goûter l’âpreté
De ce feuillage métallique ;

Tu ne respireras en lui
Rien qu’une odeur amère et forte
De cyprès, de myrte et de buis
Sans fleur née et sans feuille morte.



Je n’ai derrière ma maison
Qu’un petit coin de terre jaune
Ou verte selon la saison
Et diversement monotone.