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à travers l’an

Et j’ouvre vite à ton sourire
La porte prompte, ô bien-aimée !

Il est de longs adieux au bord des mers
Par de lourds soirs où l’on étouffe ;
Les phares tournent déjà dans le crépuscule ;
Les feux sont clairs.
On souffre…
La vague vient, déferle, écume et se recule
Et bat la coque de bois et de fer ;
Et les mains sont lentes dans l’ombre
À se quitter et se reprennent.
Le reflet rouge des lanternes
Farde un présage en sang aux faces incertaines
De ceux qui se disent adieu aux quais des mers
Comme à la croix de carrefours,
Comme au tournant des routes qui fuient
Sous le soleil ou sous la pluie,
Comme à l’angle des murs où l’on s’appuie,
Ivre de tristesse ou d’amour,
En regardant ses mains pour longtemps désunies
Ou pour toujours…

Il est d’autres adieux encor
Que l’on échange à voix plus basse
Où, face à face,