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les médailles d’argile

Et les fruits âpres de la haie
Goutez-en l’écorce et la chair,
Blessure ou plaie,
Saveur sucrée, arôme amer,
Délice ou peine…
Puis, allez boire à la fontaine.

Déjà l’aube se hâte et fait la nuit plus brève
Que retarde à son tour le crépuscule lent ;
L’arbre est en sève,
Et la douceur de l’air lasse l’aile du vent ;
Puis le Printemps rira sans qu’on le voie encore
Et son pas sonnera sur le chemin sonore
Par où, svelte et léger, il marche vers l’Été,
Et l’Automne divine, indolente et plus belle
De songe, de langueur et de maturité
Nous verra revenir en silence vers elle
Aïeule du Printemps et fille de l’Été.

Et nous, vivants,
Nous aurons écouté le vent
Le long des routes de la vie
D’arbre en arbre, de branche en branche, d’heure en heure ;
Nous aurons touché des mains douces
Sans doute,
Et âme à âme, chair à chair,