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les passants du passé

PANNEAU


L’ingénieux Amour noue à mon cadre d’or
Sa couronne de fleurs et son carquois de flèches,
Car sa bouche, jadis, douce à mes lèvres fraîches,
Leur donna la couleur qui les empourpre encor.

Sous l’arceau du bosquet qui dresse son décor
À ma beauté, l’Automne avec ses feuilles sèches
Touche ma joue encor pareille au fard des pêches,
Et l’éclair de mes dents pourrait y mordre encor.

L’Amour, hélas ! vois-tu, ne fait pas d’immortelles ;
La toile d’araignée ourdit à mes dentelles
Ses fils mystérieux qu’entrelace le temps,

Mais si la triste Mort m’effleura de son aile,
Le dieu qu’en sa jeunesse adora mon printemps
Me garde souriante et me voit toujours belle.