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les médailles d’argile

CHEVALIER DE MALTE


Fier de sa haute race où l’écu se blasonne,
Vairé de sable et d’or au lévrier passant,
Le vieux père a voulu que les fils de son sang
Servissent au métier que son âge abandonne.

Mais le dernier, le fruit tardif de son automne,
Cadet sans apanage et blondin presque enfant,
Il veut que celui-là, si l’Église le prend,
Porte l’épée au moins comme son nom l’ordonne.

Le temps est paresseux, sans guerre qui l’exalte ;
Le double azur du ciel et de la mer de Malte
Berça son long repos de moine et de soldat,

Car l’Ordre, comme aux jours d’Alger et de Lépante,
N’arme plus pour la Foi la galère qui bat
La barbaresque mer de sa rame coupante.