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LE SOMMEIL


Les draps frais ont séché sur l’herbe pour ton corps.
Une odeur de soleil, de rosée et de vent
S’y mêle et s’y confond en un parfum vivant ;
Respire la prairie en eux éparse encor.

La chambre jusqu’au soir fut belle d’un jeu d’or
Aérien, subtil, délicat et mouvant.
Tu verras du soleil et des fleurs en rêvant ;
Voici le crépuscule et la nuit sombre. Dors.

Il fait noir. Reste ainsi, les yeux ouverts ; je sais
Que près de nous, tout bas, la grande rose s’est
avec douceur et tout à coup épanouie !

Tu dors. Ton souffle égal soupire entre tes dents,
Et je sens palpiter la ténèbre éblouie
Et l’ombre tout entière est pleine de printemps.