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L’ARC


Il est venu vers toi pendant que tu dormais,
Et sur ton cher visage il a penché sans bruit
Sa lampe. Vois, l’Amour a visité ta nuit ;
Tu n’auras pas en vain songé que tu l’aimais.

Voici l’aube. Un coq chante, et rien ne te dirait
À ton réveil, ô pale enfant, que ce fut lui
S’il n’avait laissé choir quand son pas s’est enfui
Trois de ses flèches d’or qu’empourpre du sang frais.

C’est lui. Sa force aiguë et douce a visité,
Voluptueusement, dans l’ombre, ta beauté,
Et tu gardes visible en ta chair lumineuse

Le reflet transparent de sa lampe, et ton corps,
En sa langueur flexible et souple, semble encor
Imiter l’art divin par sa courbe amoureuse.