Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/73

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Vaine est l’ébauche que tu tentes,
Car ma fugitive beauté
N’est vraiment belle que vivante.

Elle ne veut d’éternité
Que l’instant qui passe et l’emporte
Sur l’aile de la Volupté,

Et je la croirais déjà morte
Si je la voyais revivant
Dans cette terre qui la porte

Lorsque, les pieds nus et devant
Toi qui me suis sur l’herbe fraîche,
Je marche debout dans le vent.

Le soir vient. Viens avec moi, laisse
Tout cela qui n’est pas ma chair.
Le temps fuit et la vie est brève.

Le jour est encore assez clair
Pour aller jusqu’au bout des chaumes
D’où l’on voit monter de la mer

La lune ronde, molle et jaune.