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LE RÉVEIL


La nuit lente s’en va peu à peu. J’ai rêvé
Un long songe de cris, d’angoisse et de colère…
Et l’ombre moins confuse est à peine plus claire,
L’aube à peine a bleui le mur et le pavé.

Hier encore pourtant le jour s’est achevé
Très doux et j’ai cueilli dans le bois solitaire
Pour cette urne de glaise et ce vase de verre
Cette rose arrondie et ce lys incurvé.

Mais ce matin le coq salut a pleine gorge
Une aurore enflammée où le feu de la forge
Matinale, déjà gronde, étincelle et luit ;

L’enclume sonne au marteau dur, âpre vigile
Et le glaive qu’il bat à son robuste bruit
Fait tinter le cristal et se fendre l’argile.