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LA VILLE


Cette Ville bourdonne et vibre au soleil d’or.
Sa rue est large et claire et sa place est dallée ;
Le vent des bois s’y mêle à la brise salée
Et l’odeur des jardins à la senteur du port.

L’aurore la réveille et le couchant l’endort ;
On y chante, on y aime et la nuit étoilée
Unit la chair suave à l’étreinte musclée,
Car la femme est voluptueuse et l’homme fort.

Mais à chaque âtre où brûle en la cendre un tison,
Comme pour rappeler hier à ceux qui sont,
Un lourd glaive suspend sa lame à quelque clou,

Et, fils d’une Cité que des héros ont faite,
Devant le socle où rit la Victoire debout,
Nul ne passe jamais sans retourner la tête.