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LE VETERAN


Aux Priapes gardiens du cep et de la graine
J’ai consacré jadis le bornage et l’arpent
Et confié l’étable et le bercail à Pan
Qui fait croître la corne et préserve la laine.

Depuis, le glaive court et brusque, de sa graine,
Bat ma cuisse et j’écoute infatigablement
Retentir sur la dalle et sur le dur ciment
Ma semelle de cuir que la victoire entraîne.

Soldat qui fut pasteur, j’ai humé l’air romain ;
Et, quittant le troupeau pour la Louve d’airain,
J’ai suivi l’Aigle d’or éployée à la pique ;

Mais un regret natal émeut mon cœur troublé
Si j’entends, du sol grec ou du sillon celtique,
Une caille qui chante au coin d’un champ de blé.