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LE FILS


Le soc de ma charrue au revers du sillon
A maintes fois fait luire en la glèbe rustique
Quelque tronçon de glaive ou quelque fer de pique
Qu’en passant je poussais du bout de l’aiguillon.

Le soleil triomphal empourpre mon haillon
D’une couleur de gloire et de sang héroïque,
Et, frissonnant encor de la trouvaille épique,
Je rentre à mon foyer où chante le grillon.

Laboureur qui cultive un champ jadis guerrier,
Je moissonne l’épi et rêve du laurier !
Tandis qu’au nourrisson qui sous elle se couche

Ma chèvre offre son pis qu’il serre entre ses mains.
C’est mon fils, et déjà j’imagine à sa bouche
La tétine sans lait de la Louve d’airain.