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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/196

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deux heures que nous n’avions pas encore atteint cette petite ville ! Depuis notre départ de l’hôtellerie, aucun des cochers ni des laquais n’avait songé à s’assurer du chemin que nous suivions, tant les libations de la nuit leur troublaient la cervelle. Ils remirent à s’en enquérir au premier village : il se montra bientôt, au creux d’un vallon. Comme nous en approchions, un bruit de musique nous vint aux oreilles, et, en débouchant sur la place, nous vîmes que les habitants étaient occupés à se trémousser sous les tilleuls, au son des musettes et des tambourins.

» Notre carrossée causa quelque surprise aux danseurs, et, du plus loin qu’ils aperçurent les laquais à cheval, ils se rangèrent pour nous laisser passer. Les saltimbanques et les bateleurs suspendirent leurs tours. Les buveurs abandonnèrent les bouteilles entamées. Quand nous fûmes au milieu de tout ce monde, l’étonnement le céda sur les visages à une joie marquée, et l’un des villageois qui semblait le principal d’entre eux, s’inclina poliment devant le chef des laquais. Notre mascarade donnait l’idée à ces bonnes gens que nous étions une troupe de comédiens ambulants, et leur ambassadeur venait nous prier d’honorer de nos talents leur