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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/32

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reste, la nuit continuait à être extrêmement belle. L’air y avait perdu l’odeur des poudres et des fusées de M. Congieri et l’obscurité y était comme limpide et presque transparente. Les lampions achevaient de brûler le long des parterres qu’ils encadraient de leurs lumières interrompues. Çà et là, quelques lanternes mourantes éclairaient encore un bosquet.

Divers circuits finirent par ramener M. de Bréot au théâtre de verdure. Les derniers flambeaux s’y consumaient. M. de Bréot s’assit un instant à la place de gazon, d’où il avait vu danser madame de Blionne. Il eût souhaité qu’elle lui réapparût. Il ferma les yeux. L’image de la belle Nymphe se forma au bout de sa mémoire, brillante, mais toute rapetissée, en ses couleurs justes, mais lointaines. M. de Bréot n’éprouvait plus pour elle le désir qui l’avait ému tout à l’heure, mais il ressentait un contentement assez particulier, à savoir qu’il existât parmi le monde une personne qui eût le corps si parfaitement beau.

Tout en se livrant à ces pensées, M. de Bréot s’était levé. Un petit vent froissait les feuillages au-dessus de sa tête et apportait à son oreille le bruit des violons. Il se dirigea vers le lieu de la danse, en