Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se guidant, comme il pouvait, à travers le labyrinthe des charmilles. Arrivé à un croisement d’allées, il s’arrêta, incertain. Il lui semblait entendre, dans l’ombre, une voix gémissante, qui, par intervalles, cessait et reprenait sa lamentation. M. de Bréot fit quelques pas en avant. Il se trouvait auprès de la grotte de coquillages. Le fronton en était encore illuminé. Sur le seuil, un homme se tenait agenouillé. Son ombre s’allongeait devant lui sur le sol éclairé et s’y dessinait singulièrement. Ce personnage paraissait dans un certain désordre d’esprit. Nu-tête, il se frappait la poitrine à grands coups de son poing fermé. M. de Bréot, en l’observant mieux, fut fort surpris de reconnaître en cette posture celui qui, tout à l’heure, auprès de lui, avait si bruyamment soupiré, quand madame de Blionne s’était montrée sur le théâtre parmi les Sylvains cornus.

M. de Bréot s’apprêtait à se retirer sans s’enquérir davantage de ce que l’inconnu faisait là, quand celui-ci lui adressa la parole en ces termes :

– Qui que vous soyez, monsieur, ne craignez point de venir auprès de moi. Je ne suis pas, comme vous le pourriez penser, quelque fou malfaisant ou quelqu’un de ces sorciers qui grattent la terre pour y trouver un trésor, non plus qu’un ivrogne