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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/77

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venait à l’esprit, de cette heureuse action par laquelle il avait assuré le salut de sa sœur Claudine et qui, du même coup, l’avait relevé auprès de son aînée. La Mère Julie-Angélique Le Varlon lui rendit, à cette occasion, un peu de l’estime qu’elle refusait depuis longtemps à quelqu’un d’aussi engagé que lui dans les voies mauvaises où l’homme hasarde si facilement son avenir éternel.


La Mère Julie-Angélique, personne hautaine, violente et l’une des lumières de Port-Royal, ne pensait pas qu’il fût aisé de se sauver, ni que le monde fût un bon lieu pour cela. Elle estimait qu’il faut, pour gagner le ciel, un travail sur soi-même de tous les instants, et que ce n’est point trop d’y ajouter une retraite entière et une stricte solitude. Grande pénitente, elle y joignait encore la prière et les jeûnes, et elle n’en restait pas moins convaincue que toutes ces sortes de moyens ne suffisent pas à venir à bout de cette laborieuse entreprise sans un secours particulier de Dieu et sans l’aide de sa grâce, qui seule ne rend pas vains notre effort et notre propos. Aussi considérait-elle son frère comme plus que hasardé pour l’éternité, à moins de quelqu’une de ces circonstances miraculeuses