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Page:Régnier - Portraits et Souvenirs, 1913.djvu/115

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LECTUHES D'ÉTÉ 109

nées ces pages de critique que l'on a eu grandement raison de réunir. Elles sont fort agréables et fort curieuses et elles nous rendent assez bien le tour de la conversation de Moréas. J’y retrouve ses formules souvent heureuses, ses propos toujours sincères. Elles ont gardé je ne sais quoi de rapide et de lapidaire, de martelé et de brusque qui me rappelle bien le geste et la voix du poête. Il me semble encore l'entendre disserter, comme il aimait à le faire, de ses devanciers, et en disserter en profond lettré et en parfait connaisseur de poésie.


De ces devanciers, le plus récent dont s’occupe Moréas dans ce volume de Réflexions est Victor Hugo. Après y avoir plus ou moins longuement parlé de Pétrarque et de Ronsard, de Théophile de Viau et de Desportes, d’André Chénier et de Népomucène Lemercier, sans oublier Louise Labbé et Pernette du Guillet, Moréas consacre à Hugo quelques pages amusantes, mais qui sont loin de nous donner le jugement véritable que portait, sur l’auteur de la Légende des Siècles, l’auteur des Sylves. A vrai dire, ce silence n’est peut-être pas extrêmement regrettable. Moréas prisait assez peu les modernes, et Hugo ne l’enthousiasmait guère.