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LACLOS II


toinetle plaçait dans sa bibliothèque, relié à ses armes, mais sans qu’on eût osé indiquer au dos du volume son titre scabreux — reprît le rang littéraire auquel il avait droit et devînt une des plus élégantes et solides merveilles du roman français.

Celui qui eut le rare bonheur d’écrire ce chef- d’œuvre immortel et périlleux n’était point un auteur de profession. Né à Amiens en 1741, entré à dix-huit ans dans le corps du génie, qu’il quitta en 1778, ensuite secrétaire des commandements du duc d’Orléans, général de brigade en 1792, commandant l’artillerie de l’armée du Rhin, Laclos, malgré des services honorables, n’eût été qu’une figure secondaire de soldat, un personnage à talents et à projets, ce « grand Monsieur, toujours en habit noir », que le Comte de Tilly se souvenait d’avoir vu rôder dans les salons du Palais Royal, s’il ne lui fût arrivé de vendre, le 16 mars 1782, à Durand neveu, libraire rue Galande, pour la somme de seize cents livres, un manuscrit intitulé le Danger des liaisons, qui fut publié, la même année, en quatre volumes in-douze, sous le titre à jamais fameux des Liaisons dangereuses.

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Les Liaisons dangereuses ou Lettres recueillies dans une Société et publiées pour l'instruction de