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Page:Régnier - Portraits et Souvenirs, 1913.djvu/176

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17O PORTRAITS ET SOUVENIRS


naturellement, sans quelques résistances. Au théâtre, par exemple, où la « baüta » était obligatoire, les dames et les gentilshommes usaient de divers stratagèmes, comme de la porter « alla forestiera », c’est-à-dire, suivant l’exemple donné par des étrangères, d’en rabattre le capuchon sur les épaules, ce qui valait aux délinquants et aux délinquantes des arrêts à domicile.


Bien plus, la « baüta », en certains cas, obligatoire, en d’autres, privilégiée, était promue, en des occasions prévues, au rôle de costume officiel et cela dans les rapports entre les Ministres étrangers et les Patriciens. On sait combien la prudence du gouvernement rendait ces rapports difficiles. Dans certaines circonstances cependant, lorsqu’une entrevue de ce genre devenait nécessaire, elle devait avoir lieu en « manteau et masque ». De même, pour l’élection du doge, les diplomates étaient invités à adopter le tricorne et le loup. Ainsi, des plus hauts personnages jusqu’à la plèbe la plus infime, le port de la « baüta » était universel à Venise. Les prêtres, les moines, les religieuses, aussi bien que les courtisans et les ruffians, en usaient également. Ce fut sous ce costume que l’empereur Joseph II et que les comtes du Nord se promenèrent par la ville, et l’on vit le nonce du Pape lui-même recourir à cet énigmatique attirail de noir et de blanc qui assurait l’incognito le