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Page:Régnier - Portraits et Souvenirs, 1913.djvu/96

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talion. Vénérons leur chapelle discrète au flanc de la cathédrale. Elle y ajoute un retrait mystérieux dont l’obscurité s’illumine d’une petite flamme, d’autant plus attirante qu’elle luit derrière une grille étrangement contournée.

C’est à l’abri de cette grille imaginaire que je grouperais volontiers toute une série d’oeuvres et d’écrivains dont la place me semble marquée ainsi dans une enceinte réservée qui a droit à nos respects parce qu’elle parachève le vaste édifice au- quel ont contribué les forces diverses de la poésie française. Je ne nommerai pas, certes, tous les ouvriers qui ont apporté à la masse admirable de l’effort commun leur pierre plus ou moins étrange- ment taillée dans une matière plus ou moins trans- lucide, mais il me semble, dans cet oratoire, y voir assemblés cote à côte un Nerval avec ses mystiques sonnets des Chimères, un Rimbaud avec ses sur- prenantes Illuminations, un Laforgue avec ses délicieuses Moralités légendaires, un Paul Claudel avec sa Connaissance de l’Est. Au milieu d’eux, je distingue Stéphane Mallarmé, en attendant qu’un jour peut-être il soit appelé dans le chœur où sa voix fine et haute se mêlera aux grandes orgues de la poésie. I