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48 PREMIERS POÈMES

FRISSON DU SOIR
Un suprême rayon fleurit les cimes claires
Qui dressent dans un ciel strié d’or et de sang
Leurs crêtes où s’ébrèche un soleil qui descend.
L’ombre s’allonge au pied des hauts pics tutélaires ;

La verdure des prés et l’ocre des terrains
Alternent tour à tour en minces bandelettes ;
Les lointains sont baignés de brumes violettes
Où s’enfonce et se perd la blancheur des chemins.

Les contours indécis des choses incertaines
Se fondent dans le soir calme que rien n’émeut ;
Cependant que dans l’air sonore, peu à peu,
S’éveille la chanson qui monte des fontaines,