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Page:Régnier - Tel qu’en songe, 1892.djvu/74

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62 TEL QU'EN SONGE

L'UN : Lance haute que rouilleront la pluie et l’ombre !

L'AUTRE : Glaive jusqu’à la garde entré dans le sol sombre !

ENSEMBLE : Voici que le Destin consulte le Destin !

LE MAÎTRE : qui se retourne vers eux. Amis ! mon soir en pleure retourne à son matin,

Ma faiblesse chancelle et s’étonne à survivre, La coupe d’or menteur avait le goût du cuivre Et si j’ai bu l’orgueil et son ivresse étrange : La honte ! et le breuvage triste de la gloire, Son amère fumée est morte en ma mémoire Et je me sens un autre, enfin, et l’heure change. Il tire l'épée suspendue à son côté. Allez, voici le Glaive illustre, et du pommeau Où la gemme oubliera la main qui l’a polie, Mon poing, depris du soin de l’antique folie, Heurte, en ce soir de paix, la porte du tombeau.