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Page:Régnier - Tel qu’en songe, 1892.djvu/75

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LA GARDIENNE 63

Ouvre toi, dur ventail que le Temps a scellé, O murs, ô salles ! et toi, doux âtre, Luis pour le vagabond et pour l’inconsolé Et sèche le manteau de l’errant et du pâtre. Porte où, le soir, nul n’ôtera la clé ! Et que les passants pâles et les mendiantes Abritent leur misère sous ce toit Où vient songer celui dont les mains bataillantes Renoncent à l’Epée et maudissent l’arroi, Et ce glaive je vous le donne.

Adieu, Frères, priez que l’ombre me soit bonne, Que mes mains qui, d’un geste, ont rué par les soirs Le galop des chevaux aux moissons des terroirs, Et qui haussèrent le pennon et dont l'anneau Luit d’un rubis qui semble du sang mort dans l'eau, Obtiennent le secours d’être à jamais oisives Par l’ample ablution à des fontaines vives ! Que ces coupables mains, ô larmes, soient absoutes Du crime de la lutte et de l’orgueil des joutes, Par les femmes en deuil qui pleurent sur les routes, Par les morts oublieux qui dorment sous les voûtes.

Adieu, je vous salue au seuil de la paix calme, Au nom du vieux laurier amer et de la palme,