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IX


Le retour de Julie au Fresnay était accueilli chaque année avec joie. Plusieurs semaines d’avance on s’y préparait. Mme  du Fresnay composait ses friandises les plus appétissantes. Les buffets s’emplissaient d’assiettes odorantes et de flacons parfumés. Le plus beau du goût de Mme  du Fresnay pour les pâtisseries était que ni elle ni son mari n’y touchaient jamais. Ils détestaient tous deux les sucreries, et toutes ces bonnes choses s’en allaient sur les tables du voisinage. Mme  du Fresnay les distribuait à qui voulait, et on vit des mendiants et des pauvres, entrés dans la cour du château pour y demander un morceau de pain, en sortir la bouche pleine et la besace remplie des plus délicates gourmandises.

M. du Fresnay riait tout le premier de cette folie de sa femme et en plaisantait volontiers, ce qui la fâchait au rouge en attendant qu’elle finît par convenir de bonne grâce de cet aimable travers que son mari mettait en chansons, en ariettes et en refrains.

Lui aussi fêtait à sa façon le retour de la petite. Il accordait son violon d’une mine attendrie,