ment même aux moindres. L’indécision devient un passe-temps ; l’incertitude, une sorte de jeu solitaire. Aussi soupesait-il toutes circonstances avant de se décider à les considérer de telle ou telle façon. Cette minutie d’esprit n’avait, il faut le dire, pas même l’avantage que, le choix fait, il s’y tînt fermement. Il restait quand même incertain. De telle sorte que Nicolas, à trente ans, se trouvait l’homme le plus faible, non seulement vis-à-vis des autres, mais encore en face de lui-même. De mettre, par exemple, des bas chinés ou des bas blancs constituait pour lui une alternative qui le tenait de longs moments en balance. On l’avait vu rentrer pour changer la paire qu’il venait d’enfiler et comme, de plus, il était distrait, il lui arrivait de ressortir avec aux jambes un bas chiné et un bas blanc.
Il était en pleine discussion sur la manière dont il se comporterait avec Julie quand il la rencontra aux jardins. La rencontre se fit juste au milieu de son débat, si bien que, pris au dépourvu, il salua cérémonieusement sa cousine et s’esquiva à grandes enjambées. Ce hasard régla son attitude, et les jours qui suivirent il évita de se trouver seul à seul avec Julie et les passa enfermé à clé dans la bibliothèque.
Les raisons du trouble de Nicolas devant Mlle de Mausseuil tenaient à diverses causes. La principale était le changement de visage qui faisait d’elle pour lui une autre personne. Les sentiments qu’il conservait de la fillette d’hier n’allaient plus à la jeune fille d’aujourd’hui. Il ne savait comment