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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/165

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LA DOUBLE MAÎTRESSE

en usufruit. Après s’être consultés, ils proposèrent à Julie deux partis. Mais ils faillirent tomber des nues quand elle déclara vouloir épouser le gros Portebize. Après s’être récriés, ils pensèrent d’un commun accord qu’il lui revenait après tout de réparer le mal qu’il avait fait. On écrivit donc à Gros Ami. En attendant sa réponse, Julie ne montrait aucun embarras. Portebize accepta la fille et les écus. Le mariage se fit en novembre au Fresnay. Les époux partirent le jour même pour Paris et on n’entendit plus parler d’eux.

M. du Fresnay retourna à ses instruments et Mme du Fresnay à ses sucreries ; mais, souvent, le soir, quand M. Le Melier venait les visiter, il les trouvait le cœur gros et les larmes aux yeux. Le temps passa ; ils vieillirent. M. Le Melier mourut d’une morsure envenimée qu’un chien de la ferme lui fit, une fois qu’il retournait à pied chez lui, la nuit. Le son nocturne de la vielle avait irrité la bête.

Mme du Fresnay, quelques mois après, tomba malade et ne se releva pas. M. du Fresnay languit et on finit par le trouver étendu mort dans le pavillon de musique. Les contrebasses et les violoncelles le regardaient curieusement ; comme on était en été, la porte du pavillon était ouverte et un vent léger feuilletait d’un doigt invisible les pages de la sonate étalée encore sur le pupitre.

Cette mort advint presque en même temps que le décès de Mme de Galandot, le tout en 1749. Trois ans après l’affaire de Julie, Nicolas se trouva seul à Pont-aux-Belles. Me Le Vasseur, qui régla la