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LA DOUBLE MAÎTRESSE

sans penser que l’un d’entre eux souperait jamais en ce logis fameux, car en ce temps-là François de Portebize ne songeait guère non plus à l’avantage d’être le petit-neveu d’un certain M. de Galandot, ce dont il constatait maintenant chaque jour le bon effet et les suites heureuses.

M. de Portebize pensait bien que Mlle  Damberville n’habitait point un palais de théâtre, mais il s’attendait au moins à trouver devant sa porte grand assemblage de carrosses. Aussi fut-il assez étonné quand le sien, après avoir passé la place Louis XV, remonté le Cours-la-Reine et fait encore quelque chemin, s’arrêta devant une grille qui n’était même point ouverte. Basque sauta à bas et fit tapage jusqu’à ce que le portier sortit de sa loge. Sa petite livrée ne présageait aucun apprêt. Il indiqua à M. de Portebize l’allée de la maison. Un peu de neige poudrait le sol ; deux statues blanches se dressaient de chaque côté du perron. On ouvrit.

À son entrée dans le vestibule, M. de Portebize ressentit agréablement l’impression d’une tiédeur égale et douce. Les murs de stuc luisaient du reflet d’une lanterne qui brûlait sourdement en veilleuse. Un haut poêle de faïence blanche caillait dans un coin sa rocaille laiteuse et ronflait doucement. Deux grands laquais, assis sur des sièges à tapisseries, tricotaient en silence. L’un d’eux conduisit M. de Portebize, poussa une porte et annonça.

C’était une pièce en rotonde peu éclairée et très chaude ; quelques hommes se levèrent et,