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LA DOUBLE MAÎTRESSE

de Mlle Damberville. Tu ne sais pas ce que c’est d’être l’amant de Mlle Damberville. Ton gueux de maître le sait maintenant ; il a dû l’apprendre depuis le temps qu’il est enfermé avec elle. Tiens, il me semble que je lui en veux moins, le pauvre diable ! Non, je ne lui en veux pas du tout. Non vraiment, il sortirait là par cette grille que j’irais à lui. « Eh bien ! malheureux Portebize, comme te voilà fait ! Ce visage long d’une aune, cette mine déconfite ! Te voici maintenant plus traitable ; nous pouvons en causer. Ah ! la belle affaire ! Mais parle donc ! Sa gorge est jolie, hein ! mais le reste ? Ah ! ah ! ah ! elle a les bras maigres et les cuisses dures. Elle n’est plus toute jeune, mon ami, notre Damberville. Elle a la bouche âcre et la peau sèche. Ah ! Portebize, tu l’as voulu ! »

Puis sa colère reprenait de plus belle.

— « Mais sors donc de là ! Qu’est-ce que tu fais avec elle ; sors donc ! Allons, il ne sortira pas aujourd’hui encore ! Ils n’en auront donc jamais fini ! »

Et cela durait jusqu’à ce qu’un laquais vînt dire un mot à travers la grille à Basque et à Bourgogne et les congédier de la part de leur maître. Le chevalier écoutait, les poings serrés. Il avait les habits en désordre et la perruque de travers.

— « Allons, Monsieur le chevalier, disait Basque, nous partons. Ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. Monsieur le chevalier veut-il qu’on le remette quelque part, car vous voilà ici à vous morfondre à pied, sans vos gens et dans un état à ce que l’on vous suive par les rues ? »