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LA DOUBLE MAÎTRESSE

vous avez été parfait. Vous avez fait mine de chercher votre épée ; mais rendez-moi grâce de vous avoir remis sous les draps. Vous n’avez pas à montrer en chemise ce que j’ai à faire voir. Et maintenant, mon cher cœur, trêve de plaisanteries et écoutez-moi ! »

Elle avait posé une main sur le drap et de l’autre elle jouait avec son pied blanc et musclé. Une boucle défaite lui caressait l’épaule.

— « Je vous dois d’abord un remerciement. Vous m’avez fait passer une semaine fort agréable, et j’espère que pour votre part vous ne la regrettez pas trop. Votre jeunesse n’est point avare d’elle-même et, à la façon dont vous m’avez traitée, vous ne m’avez point fait apercevoir que la mienne fût déjà l’aînée de la vôtre. Si, malgré votre bonne volonté, vous ne valez pas Gurcy, vous le surpassez en délicatesse. À vous deux vous êtes parfaits et faits pour vous entendre, ce qui ne manquera pas, car je ne doute point qu’il vous pardonne quand il saura que tout de même vous ne l’avez pas fait oublier ; de telle sorte que nous tirerons tous les trois profit de cette aventure. Notre chevalier apprendra par là une fois de plus qu’on peut se passer de lui. Le voilà donc averti, vous voici célèbre, et je vais aller en prison.

« C’est ce triple but que je cherchais ; maintenant Monsieur, vous aurez le choix entre toutes les femmes ! elles se disputeront vos faveurs qui seront des grâces ; quant à moi, j’ai mon For-l’Evêque. »

M. de Portebize regardait Mlle Damberville avec stupéfaction.